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la grande masse des lecteurs , la division consacree par l'usage
n'a aucune raison d'etre, car la paroisse rurale n'a jamais forme
une unite dans l'ordre politique et ne presente des-lors aucun
corps saisissable pour l'histoire.
Cependant, les auteurs de ces dictionnaires avaient, d'apres
leur titre, un programme a remplir ; ils ont done raconte lon-
guement, a chaque article, les fails d'un interet general qui ,
par hasard, se sont passes dans telle paroisse plut6t que dans
telle autre, et a 1'accomplissement desquels elle a ete le plus sou-
vent fort etrangere. Ils auraient ete tout aussi fondes a y placer
les biographies des personnes celebres que chaque paroisse a
produites; s'ils se sont bornes a citer leurs noms, ils devaient, par
analogie, se contenter de rappeler que tel fait s'etait passe en
tel lieu, a moins qu'ils n'eussent a rapporter quelque particula¬
rity inedite.
C'est un vice que de decouper l'histoire generale par lambeaux
pour les repartir ga et la ; en les isolant de ce qui les a precedes
et de ce qui les a suivis, on ote a ces episodes une grande partie
de leur interet, et cet assemblage d'anecdotes incoherentes ne
remplit aucun des buts que l'historien doit se proposer, e'est-a-
dire d'instruire et de satisfaire 1'esprit.
En dehors des villes, dont les communautes, plus ou moins
emancipees, avaient une existence reelle, la seule subdivision de
la province qui vecut de sa vie propre etait la terre ou la seigneu-
rie, veritable molecule elementaire de la societe, dans son orga¬
nisation feodale. Au point de vue historique, c'est done cette
unite qui devrait servir de base a un dictionnaire de province.
Le pere du Paz avait parfaitement compris cette verite, quand
il a ecrit, non pas un recueil de genealogies, comme le titre
general de son ouvrage le dit mal a propos, mais bien l'histoire
de plusieurs grands fiefs de Bretagne; car les genealogies pures
ou les filiations ne sont employees dans son livre que comme
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