Ibn Batuta, Voyages d'Ibn Batoutah (v. 3)

(Paris :  Imprimerie Nationale,  1874-1879.)

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452                  VARIANTES ET NOTES

la licence [idjâzah] du mohaddith «traditionnaire» d'Alexandrie, Abou
Thâhir Ahmed Assilafy, ^.î.«kJi, au moment de son retour, il Mit une
nuit en songe le saint Prophète et lui demanda un prénom. Le Prophète
lui indiqua celui d'Abou'ldjonnâb. Le cheïkh lui demanda : « Est-ce Abou'l-

djonâb sans techdîd, 'LÀ.'s.^ ? » Le Prophète répondit : « Non, c'est Abou'l-
djonnâb avec un techdîd.)} Lorsque le cheïkh fut éveillé, il comprit, par
le sens de ce surnom, qu'il lui fallait s'abstenir des biens de ce monde
[djonnâb signifie « qui marche à côté de..,, qui s'écarte de quelque chose »).
En conséquence, après s'être dépouillé en cet endroit même de tout at¬
tachement mondain, il commença à voyagera la recherche d'un direc¬
teur à qui il pût remettre sa conduite.

Lorsqu'il fut arrivé dans le tChouzistân, il tomba malade dans le mo¬
nastère du cheïkh Ismâ'ïl Kasry. Par l'heureuse influence de la sollicitude
du cheïkh, il fut délivré de cette maladie; étant devenu disciple de Kasry,
il s'adonna à la vie contemplative, (AAm, et passa quelque temps en cet
endroit. Une nuit, cette réflexion se présenta à son esprit: «Ma science
dans les dogmes extérieurs (ou exotériques, zhâhir) est plus grande que
celle du cheïkh Ismâ'ïl; j'ai obtenu également ma part du sens caché (ou
allégorique, bdlhin) de la loi, » Cette opinion s'étant manifestée au cheïkh
Ismâ'ïl, le lendemain matin, il manda notre saint personnage et lui dit:
«Lève-toi et entreprends un voyage, car il te faut aller trouver ie cheïkh
Ammâr (ibn) Yâcir. » Le cheïkh Nedjm eddîn vit bien que le cheïkh Is¬
mâ'ïl avait eu connaissance de ce quilui avait passé par l'esprit; mais il ne
dit rien et se rendit près du cheïkh 'Ammâr. Après qu'il y eut été adonné
pendant quelque temps à la vie contemplative, une nuit la même réflexion
se présenta à son esprit. Le matin suivant, le cheïkh 'Ammâr lui dit :
«Nedjm eddin, lève-toi et rends-toi au vieux Caire [Misr], auprès du
cheïkh Roûzbéhân, afin qu'il chasse de ta tête cet amour-propre avec un
soufflet. » On rapporte que le Cheïkh Nedjm eddîn fit le récit suivant :

« Lorsque j'arrivai à Misr, je vis le cheïkh Roûzbéhân à la porte de son
monastère, où il faisait ses ablutions avec un peu d'eau. Je dis en moi-
même: «Apparemment, le cheïkh ignore qu'il n'est pas permis de faire
«ses ablutions avec une aussi petite quantité d'eau.» Lorsque le cheïkh
eut terminé ses purifications, il secoua la main sur ma figure ; à cause

des gouttes d'eau lustrale, A'A°3 'r^'» qui atteignirent mon visage, je
tombai en extase. Le cheïkh étant entré dans le monastère, je l'y suivis.
Pendant qu'il était occupé à rendre grâces à Dieu, je me tins debout;

ayant été ravi en extase, to-Jji i_sjlc. ^cy- 31, je crus voir que ie jour de
la résurrection était arrivé, que l'on saisissait les hommes et qu'on les
jetait dans le feu. Au bord du brasier, un vieillard se tenait assis sur le
sommet d'une colline. Tous ceux qui disaient ; «Je lui suis attaché», il
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