Ibn Batuta, Voyages d'Ibn Batoutah (v. 3)

(Paris :  Imprimerie Nationale,  1874-1879.)

Tools


 

Jump to page:

Table of Contents

  Page 467  



VARIANTES ET NOTES.
 

h(M
 

et de leurs qualités distinctives; et le fils reprenait : «Ô mon père, tn vois
«bien que ces animaux ressemblent aux rats.» Le père niait cela, il le
réprimandait et lui disait : «Quelle différence n'y a-t-il pas entre les mou-
«tons et les rats! » Pareille chose arrivait pour la viande des bœufs et des
chameaux; car le garçon n'avait vu, dans son cachot, rien que des sou¬
ris ou des rats, et il pensait que les autres animaux étaient tous de la
même espèce que ces derniers.

«C'est là ce qui se passe trop souvent chez les hommes quand il s'agit
de choses nouvelles. Ils sont aussi atteints de la manie de les exagérer,
afin d'exciter l'admiration, ainsi que nous l'avons exposé au commence¬
ment de l'ouvrage. Or donc, que l'homme ait recours à ses règles ou prin¬
cipes, qu'il s'observe soi-même avec soin, qu'il sache distinguer ce qui
est possible de ce qui est impossible, par son intelligence éclairée et son
naturel droit. Il admettra tout ce qui entre dans la zone ou le cercle de
la possibilité, et ce qui est en dehors, il le rejettera. Nous n'entendons
point parler ici de la possibilité intellectuelle absolue, car son cercle
embrasse ce qu'il y a de plus vaste, et elle n'assigne aucunes limites entre
les événements; mais nous voulons seulement indiquer ce qui est possible,
en tenant compte de la matière même, ou de la substance, ou de la nature
de la chose. Lorsque nous considérons l'origine de telle chose, son espèce,
sa diflérence (avec d'autres), ou ses attributs,ainsi que l'étendue de sa gran¬
deur et de sa force, nous prononçons notre jugement sur ses rapports ou
états, suivant toutes ces circonstances, et nous concluons en disant que
tout ce qui sort de sa sphère est impossible. Or, dis : «Ô Dieu, mon
«maître, augmente ma science!» [Korân, xx, xx3.)

Nous nous bornerons à faire observer: i° que la seconde partie de ce
fragment réfute et détruit les doutes élevés dans la première ; 2° que ces
doutes portent sur les relations verbales attribuées à Ibn Batoutah, les¬
quelles diffèrent sur plusieurs points importants du récit que nous po.s.sé-
dons, et qui seul doit nous occuper; 3° enfin, que tout ce que notre voya¬
geur a dit jusqu'ici sur l'Inde, se trouve suffisamment confirmé par les
ouvrages d'historiens renommés, tels que Firichtah, Khondémîr, etc. Il
mérite donc toute confiance.
 

3o.
  Page 467