Marty, Paul, Les tribus de la Haute Mauritanie.

(Paris :  Comité de l'Afrique française,  1915.)

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après son installation au Sud du pays d'Oued-
Noun, Sidi Ahmed (qui n'était pas encore le Re¬
gueïbi) vit venir à lui une foule de Tekna qui se
proclamèrent ses disciples. Cette prépondérance
du marabout ne fut pas sans inquiéter le sultan
du Maroc qui, d'autre part, avait à se plaindre
des nombreux pillages des Tekna. Il fit donc
marcher contre eux une mehalla pour les dis¬
perser. En cette occurrence, Sidi Ahmed ne trouva
rien de mieux que d'acheter la paix. 11 fit con¬
fectionner un sac dans la peau du cou d'un cha¬
meau (Regba), le remplit de pièces- d'or et
l'adressa au sultan. Celui-ci se laissa apaiser par
ce présent et entretint par la suite les meilleures
relations avec son sujet du désert, le Regueïbi,
c'est-à-dire « l'homme à la peau du cou de
chameau ».

Il n'y a lieu de retenir de cette légende qu'une
indication: c'est l'intime relation d'origine qui
existe entre Regueïbat et Tekna, Il est en effet à
peu près certain que les Regueïbat sont des Rer-
bères de la branche Chleuh d'Oued-Noun, Le
vocable de Regueïbi se rencontre d'ailleurs fré¬
quemment dans l'Extrême-Sud marocain, au
Nord et à l'Est d'Oued-Noun, soit comme nom
de lieu ou de sanctuaire, soit comme nom de
famille ou de campement. La tradition maure,
rapportée par les meilleurs généalogistes, est à
peu près unanime pour leur assurer cette ori¬
gine En deuxième lieu, les Tekna disent cou¬
ramment que les Regueïbat sont leurs .anciens
zenaga et les traitent comme tels, quand ceux-ci
viennent camper dans l'Imrikli, leur premier
territoire. Enfin les intéressés eux-mêmes, à part
quelques lettrés, no font guère de difficultés pour
le reconnaître.

Les Regueïbat témoignent d'ailleurs par leur
genre dévie, par l'abondance de leurs richesses
pastorales, par leur aptitude à la culture de  la
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