Moser, Henri, À travers l'Asie Centrale

(Paris :  E. Plon, Nourrit ...,  1886.)

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CHAPITRE   IV
 

TACHKENT.
 

Le Tacĩikent de 1869 et le Tackkent de 1882. — iQstriiction publique. — Observatoire. — Le
palais du (rouvenieur. — Banqusts. — Audience des ambassadeurs de I'Emir. — Présents
somptueux. — La conquête du Turkestan. — Motifs qui ont poussé la Russie a faire cette
conquête. — Ligne stratéjîique du Sir-Daria. — Marcbe en avant depuis la Sibérie. — Tcber-
niael'f, Romanovsky, Kaufmann. — Irdjar. — Prise de Samarcande. — Statistique du Tur-
kestan. — Manæuvres. — Le TacKkent sarte. — Le bazar.
 

Le Tachkent que j'eus liâte de revoir dés que je fus debout le lende-
main, et dont le nora signifie « ville de pierre » (de « tach » , pierre, et
« kent», viUe), ne ressemblait plus guére au Tachkent de jadis qui m'était
resté en joyeuse et bonne mémoire : il était, á cette époque-lá, sorti de terre,
au fur et a mesure des besoins de la petite colonie s'agrandissant de jour en
iour. Dés la prise de cette ville, on s'était emparé des jardins. Les premiers
occupants choisirent les meiUeures places pour y bátir des maisons ressem-
blant fort aux masures des indigénes; on les avait placées au bord de la
route, avec des fenétres disposées de maniére a procurer k IcLirs habitants
les délices de la poussiére, qu'aucun arrosage ne modérait. Peu á peu,
quelques cantiniers avaient ouvert des boutiques dans lesquelles ils ven-
daient, pêle-méle, de l'eau-de-vie, des comestibles , du tabac, des bottes
et des parfumeries; les arbres avaient éíé coupés pour servir de combus-
tible.

Ce Tachkent-la, avec ses larges rues bordées de malheureux saules
rabougris qui, faute d'eau, ressemblaient á des balais, était en somine d'un
aspect fort triste; la nuit, on risquait de s'y rompre le cou, et si le souvenir
de bons moments s'y attache pour ceux qui Tont habité, ils les ont certaine-
ment diis á la gargotte pompeusement décorée du nom dé restaurant par

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