CHAPITRE   VIII
 

L'AMOU-DABIA
 

Vo(>aant sur l'Oxu.s. — Vie a bord. — Kabalikli, sa garnison et ses exploits. — Légende des bords
du fleuve. — Alerte. — Les bivouacs turcomans. — Les fourrés du rivage. — Chasse a tir et
â courre. — Bencontre des cbasscurs du Kljan. — A l'affût. — Une nuit d'angoisse. — Cou-
vre-clief miisical. — Les délices de Petro-Alexandrovsk et le consul du Klian de Kliiva. —
La quest'on de I'Oxus.
 

Nous voici donc voguant sur le grand fleuve par une belle journée d'hi-
ver. Gonfortablement installé sur raes coussins, je fais déballer les arraes,
raettre les grandes théiéres (kounganes) sur le feu de charbon, et je jouis
a mon aise du pittoresque tableau qui m'entourc Les chevaux, entravés,
sont bien plus tranquilles que je ne m'y attendais : mon étalon turcoman
passe de temps en temps sa téte intelligente par-dessus la barriére, pour
quéter un raorceau de sucre; raes lévriers ont pris place á mes pieds, trés-
chaudement enveloppés dans des couvertures de feutre, et le faucon,
décapuchonné, s'amuse á effrayer les chiens. Le courant est fort et notre
raarche rapide, giáce aux raraeurs qui nagent avec vigueur saus jaraais
se reposer; de temps en temps, le patron donne un ordre aux tiraoniers;
sauf cela, il régne un grand silence, car raes gens, qui ont été sur pied la
raoitié de la nuit, dorraent roulés dans leurs peaux de raouton autour du
feu. Gonfortableraent enveloppé dans raa grande pelisse en peau de renne,
je furae un cigare et je jouis de ce calrae aprés les grandes fatigues et la
tension d'esprit continuelle des derniers jours.

Cette navigation sur I'Araou-Daria deraeurera iin des bons souvenirs
de raes pérégrinations á travers I'Asie centrale, et ce n'est pas sans érao-
tion que je retrace ici quelques-uns de ses épisodes les plus intéressants.