Moser, Henri, À travers l'Asie Centrale

(Paris :  E. Plon, Nourrit ...,  1886.)

Tools


 

Jump to page:

Table of Contents

  Page 321  



LE   PAYS   DES   TURCOMANS.
 

321
 

C'est sur ces feutres que repose la selle en bois et en corne, ressemblant
au bois de I'ancienne selle hongroise, privée de panneaux, et dont le pom-
meau, en fer de lance, est trés-allongé. La premiére couverture, d'un tissu
multicolore de soie et coton, couvrant le cheval de la naissance du cou a la
croupe, se passe par-dessus la selle et se croise sur le poitrail; puis un
second feutre, plus grand, recouvre le cheval depuis les oreilles jusqu'â la
naissance de la queue; enfin une troisiéme couverture, généraleraent
blanche et richeraent brodée, corapléte I'accoutrement du coursier. Cinq
ouvertures sont ménagées dans tous les feutres pour laisser passer le pom-
raeau de la selle, les étriviéres et la derniére sangle, qui fait entiéreraent le
 

Cheval téké offert a Sa Majesté Apostolique.
 

tour de cette vaste enveloppe qui ne quittera le cheval qu'aux jours des
grandes courses; le reste du teinps, été comrae hiver, nuit et jour, le cour-
sier du désert restera couvert de ses chauds véteraents. C'est, disent les
Tékés, pour que la graisse de nos raontures fonde. Et, de fait, elles n'ont
que des rauscles. L'épiderrae et le poil, par suite de cet excés de couver-
tures, sont d'une finesse corarae on ne les voit chez aucun autre cheval; le
poil luisant produit des robes invraisemblables, des alezans couleur bronze
et vieil or, d'un effet surprenant au soleil.

L'entrainement du cheval est parfaitement entendu par les Tékés; tout
en développant son action, ils arrivent á réduire sa nourriture et surtout
I'eau á un minimum incroyable; la luzerne séchée se remplace par de la
paille hachée, et notre avoine par de la farine d'orge mélangée de graisse

41
  Page 321