Dieulafoy, Jane, La Perse la Chaldée et la Susiane

(Paris :  Hachette,  1887.)

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LES JARDINS PRÈS DE TAURIS. (VoyeZ p. 5-5.)
 

CHAPITRE   IV

Visite aux consuls. — Histoire d'un consul turc. — La mosquée Bleue. — La citadelle. — Déplacement constant des
villes d'Orient. — Les glacières. — La mort du mouchteïd de Tauris. — Les mollahs. — Excursion à la mosquée de
Gazan Khan. — Visite du gouverneur de Tauris. — Visite à Farchevêque arménien. — Couvent d'Echmyazin. —
Orfèvreries précieuses et manuscrits. — Notions de dessin d'une femme chaldéenne. — Le calendrier persan. — Départ
de Tauris. — Une caravane de pèlerins se rendant à Mechhed, dans le Khorassan. — Un page féminin. — Mianeh
— Légende du château de la Pucelle. — Dokhtarè-pol.
 

15 avril. — Nous nous sommes rendus aujourd'hui chez les rares Européens forcés par
leur triste destinée d'habiter Tauris.

S'il y avait en Perse, comme en Amérique, des expositions de gens gras, le consul de
Turquie remporterait à l'unanimité des suffrages la médaille d'honneur; quel que soit son
module, elle serait encore au-dessous du mérite de ce fin diplomate, plus apte à lutter de
prestance avec les animaux des races les plus perfectionnées du comté d'York qu'à se com¬
parer aux représentants de la race humaine.

L'effendi, trop rond pour pouvoir prendre ses repas à terre, est obhgé de faire transporter
à l'avance, dans les maisons où il est invité à dîner^ une table largement entaillée, dans laquelle
il incruste son majestueux abdomen, après s'être excusé auprès des convives de cette infraction
aux usages. L'Excellence, disent les uns, n'a jamais trouvé un coursier de force à la charrier
en une seule fois; elle a perdu de vue ses pieds depuis de si longues années, prétendent
les autres, qu'elle est heureuse de s'assurer, en se regardant de temps en temps devant un
grand miroir, qu'un chameau ne les lui a pas volés.
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