Dieulafoy, Jane, La Perse la Chaldée et la Susiane

(Paris :  Hachette,  1887.)

Tools


 

Jump to page:

Table of Contents

  Page [77]  



PANORAMA     DE     SULTANIEH.   (Vojez p.   81.
 

CHAPITRE   V
 

Arrivée à Zendjan. — Les Babys. — Le camp de Tébersy. — Révolte religieuse. — Siège de Zendjan. — Supplice des
révoltés. — Une famille baby. — L'armée persane. — Sultanieh. — Tombeau de chah Khoda Bendeh. — Les
tcharvadars. — Exercice illégal de la médecine.
 

29 avrA. — Zendjan, capitale de la province de Khamseh, est situé sur un plateau dominant
une befle plaine qu'arrose un affluent du Kisilousou, et doit à son altitude élevée une
température très agréable en été, mais par cela même rigoureuse en hiver. Cette ville, qui se
glorifie, peut-être à tort, d'avoir donné naissance à Ardechir-Dabegan, le premier prince de
la dynastie sassanide, fut en partie détruite par Tamerlan, peu après la ruine de Sultanieh, et
perdit pendant cette période un de ses monuments les plus remarquables, le tombeau du cheikh
Abou Féridje. Des désastres plus récents, conséquence de la révolte des Babys, ont fait oublier
l'invasion tartare, mais ont illustré à jamais la vaillante population de la cité.

En 1843 arrivait à Chiraz un homme d'une grande valeur intellectuelle, Mirza Ah
Mohammed; le nouveau venu prétendait descendre du Prophète par Houssein, fils d'Ah,
bien qu'A n'appartînt pas aux quatre grandes familles qui, seules, peuvent se targuer,
sur des preuves même discutables, d'une si sainte origine. Il revenait dans sa ville natale,
après avoir accompli le pèlerinage de la Mecque et visité la mosquée de Koufa, « oii le
diable l'avait tenté et oîi A s'était détaché de la loi orthodoxe ». Il se mit immédiatement
à parler en public; comme tous les réformateurs, A s'éleva avec violence contre la dépravation
générale, le relâchement des moeurs, la rapacité des fonctionnaires, l'ignorance des mollahs,
et montra dans ses premiers discours une tendance à ramener la Perse à une morale
empruntée aux religions guèbre, juive et chrétienne. Dès le début de son apostolat, Mirza
Ali Mohammed abandonna son nom pour adopter le titre de Bab (« porte » par laquelle on
arrive à la connaissance de Dieu) et fut bientôt entouré de prosélytes nombreux, les Babys.^
qu'enthousiasmait sa chaude éloquence. Le nouveau prophète accordait à ses disciples une
liberté d'action et une indépendance inconnues aux musulmans : « Il n'avait pas reçu
mission, disait-il, de modifier la science de la nature  divine, mais il était envoyé afin  de
  Page [77]