Dieulafoy, Jane, La Perse la Chaldée et la Susiane

(Paris :  Hachette,  1887.)

Tools


 

Jump to page:

Table of Contents

  Page [121]  



-=—/-/. C//A PUIS
 

FATTALY    CHAH     ET     SES     FILS.   (VoyeZp.   129.)
 

CHAPITRE   VII

Le docteur Tholozan. — Les Sœurs de Saint-Vincent de PauL — Palais du Négaristan. — Andéroun royaL — Portraits
de Fattaly chah et de ses fils. —Audience royale. — Nasr ed-din chah.
 

1" juin. — Je suis à Téhéran depuis trois semaines et n'ai pas encore franchi la porte du
jardin placé sous les fenêtres de la chambre où mon malade commence une pénible conva¬
lescence.

Le docteur Tholozan a été notre providence; sans lui que serions-nous devenus? Ce savant
praticien, médecin principal de l'armée française, est auprès du roi depuis plus de vingt-deux
ans. Au lieu de se laisser aller à cette vie oisive et paresseuse à laquelle les Européens
s'abandonnent si facilement en Orient, il a étudié avec une rare sagacité les maladies locales ;
ses travaux sur la genèse du choléra aux Indes, son histoire de la peste bubonnique en
Mésopotamie, en Perse, au Caucase, en Arménie et en Anatolie, enfin de sérieuses recherches
sur la diphtérie, maladie si fréquente dans ces pays, méritent d'être consultés par tous ceux
qui s'intéressent à ces graves questions.

Le docteur Tholozan est le médecin, l'ami elle conseiller du roi. Nasr ed-din a eu l'esprit
de le prendre en grande estime et d'apprécier son désintéressement et sa science; néanmoins
il a été obligé, afin de satisfaire la cour, de se laisser entourer de médecins indigènes
possédant la confiance de la famille royale, du clergé et surtout des femmes de l'andéroun.
De cette espèce d'antagonisme médical naissent quelquefois des difficultés, toujours apaisées
grâce au caractère conciliant du docteur, mais dont la santé du roi pourrait avoir gravement
à souffrir.

La thérapeutique persane prescrit la phlébotomie avec une fréquence des plus imprudentes,

non seulement pour guérir les maladies dites autrefois inflammatoires, mais encore en vue de

les prévenir. Ainsi on saigne les enfants de trois jours de façon à leur enlever le sang impur de

la mère, et tout bon Persan considérerait sa santé comme fort compromise s'il n'avait recours

à son barbier deux fois par mois. Depuis de longues années le roi n'avait pas été saigné.

Dans ces derniers temps cependant, l'avis de ses femmes ayant prévalu, le monarque se décida

16
  Page [121]