Dieulafoy, Jane, La Perse la Chaldée et la Susiane

(Paris :  Hachette,  1887.)

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BARRAGE DE SAVEH. (VoyeZ p. 175.'
 

CHAPITRE   IX
 

Départ de Téhéran. — Écarts de température entre le jour et la nuit. — Mamounieh. — La maison civile d'un gou¬
verneur de province. — Arrivée à Saveh. — La mosquée. — Le minaret guiznévide. — Les biens vakfs.

20  juillet. — Guidés par l'aide de camp du prince, le général Abbas Kouly khan, nous
avons quitté hier au soir Téhéran. Dans la journée il avait fait 40 degrés à l'ombre; pendant
la nuit le thermomètre s'est abaissé à 12. On ne saurait croire combien ces rapides chan¬
gements de température sont pénibles à supporter.

Nous sommes accompagnés d'un vieux major autrichien et de son fils. Le major a été
envoyé en Perse en qualité d'instructeur militaire et, à ce titre, fait en français un cours
d'entomologie au collège impérial. Il parle très mal notre langue, mais, comme ses élèves
ne la comprennent pas, professeur et disciples ont toute chance de s'entendre. Nos deux
compagnons de route vont rendre visite à un baron de leurs amis, envoyé à Saveh comme
gouverneur, afin d'expérimenter in anima vili un nouveau système financier d'importation
autrichienne.

A midi la caravane, se traînant avec peine sous un soleil de feu, franchit les murs
d'enceinte, flanqués de tours qui entourent le gros village de Pick. Le général donne l'ordre
de nous conduire chez un capitaine possesseur de la maison la mieux aménagée du bourg.

Aux extrémités de la salle dans laquelle on nous introduit s'ouvrent, au niveau du sol,
deux grandes cheminées carrées d'un mètre cinquante de hauteur, dont les canons dominent
les terrasses. Ce sont les portes de deux badguirds (prend le vent) traversés par un fort
courant d'air. Il ne faut rien moins que l'action simultanée de ces bienheureux badguirds, de
l'eau fraîche jetée sur nos cervelles à moitié fondues, et du thé brûlant que nous apportent
les domestiques, pour nous permettre de reprendre nos esprits.

21 juillet. — Après une journée de repos, la caravane s'engage à la nuit dans une plaine
sèche et aride. Quel triste tableau s'offre à mes yeux quand le jour se lève ! je n'aperçois
sur le sol aucune trace de végétation. Cependant nous sommes près d'arriver à l'étape,
assurent nos guides en me montrant dans la plaine une tache grise qui tranche à peine sur
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