Dieulafoy, Jane, La Perse la Chaldée et la Susiane

(Paris :  Hachette,  1887.)

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CARAVANSÉRAIL    DE     PASSANGAN.   (VoyeZ  p.   192.)
 

CHAPITRE  XI

Phénomène électrique dans le désert de Koum. — Arrivée à Nasrabad. — Les caravansérails. — Kachan. — Le
caravansérail Neuf. — Le bazar. — Minaret penché. —Aspect de la ville. — L'entrée de la masdjed djouma. —
Visite du gouverneur. — Les mariages temporaires. — La mosquée Meïdan. — Le mihrab à refJets. — Les
dames persanes. — Le palais de Bag-i-Fin. — Mirza Taguy khan. — Sa mort. — Départ de Kachan. — La
montagne de Korout.
 

6 août. — Au sortir de Koum la route suit le versant oriental de la chaîne de montagnes
qui traverse la Perse du nord au sud; les vents brûlants du grand désert viennent mourir au
pied de ces hauteurs et préservent les voyageurs du froid rigoureux dont nous avons souffert à
notre départ de Téhéran. La lune de Ramazan ne se montrant plus au-dessus de l'horizon,
la nuit est noire malgré la pureté de l'atmosphère et les myriades d'étoiles qui scintillent
au firmament. Vers minuit j'arrête mon cheval en arrière de la caravane et je prends quelques
notes à la lumière de ma lanterne de poche. Mes cahiers mis en ordre, je me hâte de regagner
ma place habituelle en tête du convoi, quand, en me rapprochant des dernières bêtes de somme,
fl me semble les voir marcher au milieu d'une nuée d'étincelles. Suis-je le jouet d'un rêve?
C'est peu probable, car mes idées me paraissent parfaitement lucides.

Je cours faire part à Marcel de ma perplexité, et, afin de m'assurer que je n'ai pas encore
laissé sur les chemins de Perse le peu de cervefle que le ciel m'a octroyée, je le prie de venir
constater le fait bizarre dont je viens d'être témoin. Nous mettons pied à terre et nous rappro¬
chons tous deux des animaux.

Le mystère est bientôt éclairci. Pour chasser les mouches qui les dévorent même la nuit,
les chevaux battent leurs flancs de leur longue queue. Au contact du corps des animaux et des
pofls sèches à outrance par l'atmosphère spéciale aux plateaux de l'Iran, se dégagent de
nombreuses phosphorescences dont la briflante clarté se détache sur les masses sombres
du sol.

Le tcharvadar bachy, étonné de la persistance que je mets à suivre ses chevaux, vient
s'informer du motif qui m'engage à faire depuis quelques instants la route à pied. « Vous êtes
surprise, me dit-fl, de voir la queue de mes animaux produire des étincelles ; que diriez-vous
si du papier de vos cahiers je faisais jaiflir de la lumière ? »
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