Dieulafoy, Jane, La Perse la Chaldée et la Susiane

(Paris :  Hachette,  1887.)

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SOEURS   DE   SAINTE-CATHERINE   A   DJOULFA.   (VoyeZ p.  226.)
 

CHAPITRE   XII
 

Arrivée à Ispahan. — Tchaar-Bag. — Djoulfa. — Le couvent des Mékitaristes. — Le P. Pascal Arakélian. — Origine
de la colonie arménienne. — Destruction de Djoulfa sur l'Araxe. — Établissement des Arméniens dans l'Irak. —
Un dimanche à Djoulfa. — L'évêque schismatique et son clergé. — Les Sœurs de Sainte-Catherine. — La préparation
de r opium. — Une noce arménienne.
 

16 août. — Au delà de Guez, huit ou dix sentiers, coupés en tous sens par une multitude
de kanots et de ruisseaux, se dirigent vers Ispahan. La vallée, que nous parcourons au galop
précipité de nos montures, est comprise entre deux collines et barrée à son extrémité par de
belles montagnes, dont les lignes majestueuses et la chaude coloration semblent empruntées
aux chaînes duPentélique ou de l'Hymette.

La capitale de l'Irak, noyée dans une vapeur azurée, s'étend au pied de ces rochers abrupts,
créés sans doute pour faire ressortir l'admirable végétation jetée comme un manteau de
verdure autour d'Ispahan. Aux rayons du soleil couchant scintillent les émaux bleu turquoise
de la masdjed Chah, tandis que sur le fond du ciel se découpent les fines sflhouettes de
minarets élancés, semblables aux flèches les plus aiguës de nos cathédrales gothiques. De
tous côtés sont dispersées des tours massives décorées de mosaïques de briques, vers lesquelles
se dirigent à tire-d'aile des pigeons si nombreux, qu'en passant bruyamment au-dessus de
nos têtes fls obscurcissent, nuage vivant, la lumière du jour.

La voilà donc (( cette moitié du monde, cette belle Ispahan, cette merveille des merveilles,
cette rose fleurie du paradis, l'idole des poètes persans.   Ses routes   et ses sentiers sont
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