Dieulafoy, Jane, La Perse la Chaldée et la Susiane

(Paris :  Hachette,  1887.)

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AllxMÉNlENS    SE   r.ENDAM'    A    BOMBAY.   (V<»yezp.   3il.)
 

CHAPITRE   XVIII
 

Départ d'Ispahan.
 

Grande caravane d'octobre. — Le caravansérail de Kalè Ghour.
Koumiclieli. — Arrivée à Yezd-Kliast.
 

Village de Mayan.
 

Ispahanec, 21 septembre. — Au coucher du soleil, nous avons remercié nos amis de Djoulfa
d'avoir songé à nous escorter pendant quelques heures, et, après leur avoir dit adieu,
nous les avons engagés à retourner sur leurs pas afin de regagner la ville avant la fermeture
des portes ; puis nous avons tristement continué notre route, suivis du tcharvadar qui conduit
les mulets de charge et d'un domestique arménien nommé Arabet. Ce pauvre garçon vient de
quitter femme et enfants, non sans verser d'abondantes larmes, et s'est engagé à notre service
en qualité d'intendant; l'espoir de faire fortune aux Indes l'a poussé, lui aussi, à abandonner
sa patrie. A son arrivée à Boachyr il nous quittera et payera avec ses gages son passage sur
un bateau à destination de Bombay.

A peine les derniers rayons du solefl ont-fls disparu que les ombres de la nuit s'étendent
autour de nous avec une étonnante rapidité. Le crépuscule n'existe pas en Orient ; le ciel de
ces heureux pays n'admet pas un état transitoire entre la grande lumière qui active la vie
végétale et l'obscurité si favorable au repos de la nature tout entière. Nous marchons silen¬
cieux; seuls les cris monotones des oiseaux, les chants plus monotones encore du muletier
et les tintements produits par les fers des chevaux sur les cailloux du chemin troublent la
quiétude de la nuit.
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