Dieulafoy, Jane, La Perse la Chaldée et la Susiane

(Paris :  Hachette,  1887.)

Tools


 

Jump to page:

Table of Contents

  Page [391]  



PERSÉPOLIS.   —   PALAIS   DE   DARIUS.   (Voyez   p.
 

CHAPITRE   XXI'

Le vUlage de Kenaré. — Les emplâtres. — Takhtè Ujernchid. — Les taureaux anclrocéphales. —Vapaddna de Xerxès.
— Palais de Darius. — La sculpture persépolitaine. — Costumes des Mèdes et des Perses. — Ruines de l'apadâna à
cent colonnes. — La rentrée des impôts. — Les tombes achéménides. — L'incendie de Persépohs. — La ruine
d'Istakhar. — Une famille guèbre en pèlerinage à Nakhchè Roustem. — La religion des Perses au temps de
Zoroastre. — Le Zend-Avesta. — Départ de Kenaré pour Chiraz.
 

6 octobre. — La nécessité de renouveler nos approvisionnements épuisés, l'impossibilité
de supporter pendant plusieurs nuits de suite les piqûres des moustiques, nous ont obligés
à fuir pendant deux jours l'abominable tchaparkhanè voisin du Takhtè Djemchid et à
venir chercher un refuge dans le petit viflage de Kenarè, situé à deux farsakhs des palais
persépohtains. L'éloignement des ruines nous condamne matin et soir à une longue course
à cheval; mais que ne ferait-on pas pour échapper aux moustiques et à l'insomnie, leur
inséparable compagne?

Nous avons trouvé un gîte honnête dans un balakhanè élevé au-dessus de la maison
d'un riche paysan. Murs et plafonds sont crépis en mortier de terre; une natte de paille
étendue sur le sol et une amphore de cuivre constituent le mobiher de la pièce. Cette instal¬
lation n'a rien de sardanapalesque, mais nous paraît cependant des plus confortables, car la
hauteur de la pièce au-dessus du sol nous protège contre les émanations fétides des rues et
nous permet de respirer à pleins poumons l'air pur des montagnes que nous apporte la brise
de l'est. Les avantages de la position du balakhanè se payent au prix de quelques sacrifices :
forcés de dîner sur la terrasse, de développer les chchés et de préparer les châssis au clair
de lune, nous sommes ici, comme à Saveh, le point de mire des femmes de tout âge, qui
se pressent en foule sur les toits du voisinage.

Depuis Maderè Soleïman la race paraît se modifier : en promenant les regards autour
de moi, j'aperçois des jeunes filles à la taille élancée, aux yeux bleus, aux cheveux
blonds et souples,  les  premiers  que j'aie vus  en  Perse ; notre tcharvadar lui-même,  un

1. Les gravures de ce chapitre sont dessinées d'après des héliogravures de lArt antique de la Perse, puMié par
M. Dieulafoy (Librairie centrale d'Architecture, 1884).
  Page [391]