Dieulafoy, Jane, La Perse la Chaldée et la Susiane

(Paris :  Hachette,  1887.)

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CARAVA1\E   CHARGÉE   DE   POfSSONS    DE   TOBIE.   (VoyeZ   p.   585.^
 

CHAPITRE   XXXIII

Les Turcs. — Les causes de leur dégénérescence physique et morale. — Procédés adiiiinistratifs des fonctionnaires turcs.
— Le tramway de Kcizhemeine. — Le tombeau de l'imam Mouça. — Un voyageur que son bagage n'embarrasse
guère.
 

18 décembre. — Pendant mon séjour en Perse je n'ai cessé de maugréer contre
l'administration et les mœurs locales, tout en reconnaissant d'aflleurs la haute portée
intellectuelle et le génie artistique des Iraniens. « Allah, en créant les Osmanlis, a voulu
me faire regretter les Persans », me disait hier Marcel : « depuis le jour où j'ai mis le pied
en Turquie, il me semble que j'aie été transporté du paradis en enfer ». Et pourtant les
habiles politiques de l'Europe se sont bercés de l'idée qu'en imposant nos institutions aux
Orientaux on leur inculquerait en même temps notre civflisation. Il ne me reste plus d'illusion
à ce sujet ; les machines administratives de l'Occident sont bien trop compliquées pour
qu'on puisse en isoler quelques rouages et les confier à des mains inexpérimentées. Ce n'est
pas en s'efForçant de calquer, en tout ou en partie, les coutumes européennes, que les peuples
musulmans progresseront, mais en suivant l'esprit de perfectionnement et les méthodes
politiques caractéristiques des grandes nations de l'Orient. Combien je préfère à la Turquie
de la réforme la vieille Perse avec ses satrapes et sa féodalité! Tandis que l'autorité du
sultan est méconnue et bafouée ; tandis que les procureurs généraux, leurs substituts et leurs
zaptiés (gendarmes) sont impuissants à protéger la vie et les biens des étrangers, l'existence
et la fortune des plus fidèles rayas : la Perse, avec ses institutions immuables, reste attachée
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