Guizot, François, Histoire de la civilisation en France depuis la chute de l'Empire romain (v. 1)

(Paris :  Didier,  1876.)

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QUATRIÈME LEÇON
 

Objet de la leçon.— Que faut-il entendre par l'état moral d'une société?—»
Influence réciproque de l'état social sur l'état moral, et de l'état moral sur
l'état, social.—Au iv© siècle, la société civile gauloise possédait seule des
institutions favorables au développement intellecl;uel.—Des écoles gauloises.
—De la situation légale des professeurs.—La société religieuse n'avait d'au¬
tre moyen de développement et d'influence que ses idées—Cependant l'une
languit et l'autre prospère.— Décadence des écoles civiles.— Activité de. la
société chrétienne.^— Saint Jérôme, saint Augustin et saint Paulin de Noie.
—Leur correspondance avec la Gaule —Fondation et caractère des menas
tères dans la Gaule.—Causes de la différence de l'état moral des deux socié¬
tés.—Tableau comparatif de la littérature civile et de la littérature chré
tienne aux ive et ve siècles.— Inégalité de la liberté d'esprit dans les deux
sociétés.— Nécessité que la religion prêtât son appui aux études et aux
lettres.
 

Messieurs,

Avant d'entrer dans l'examen de Fétat moral de Ja
société gauloise à la fin du iv« et au commencement
du ve siècle, permettez que je m'arrête un moment
sur le but même de ce travail. Ces mots, état moral,
ont, aux yeux de beaucoup de gens, une apparence
un peu vague. Je voudrais les déterminer avec pré¬
cision. On accuse aujourd'hui les sciences morales de
manquer d'exactitude, de clarté, de certitude; oh
leur reproche de n'être pas des sciences. Elles peuvent,
elles doivent être des sciences tout comme les sciences
physiques, car elles s'exercent aussi sur des faits. Les
faits moraux ne sont pas moins réels que les autres :
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