Tauxier, Louis, Le noir de Bondoukou

(Paris :  E. Leroux,  1921.)

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GIIAPITBE   III
LA   FLORE
 

La flore du cercle de Bondoukou est nécessairement assez variée, puis¬
que le cercle s'étend de la forêt dense jusqu'aux plateaux et plaines sou-,
danaises du dixième degré de latitude nord. Elle mériterait l'étude d'un
spécialiste. En attendant que cette étude approfondie soit faite, donnons
au moins l'esquisse d'un profane et notons les arbres caractéristiques
dont voici les principaux :

D'abord le palmier à huile (Elœis Guineensis) té-iri en dyoula, kiengo
en koulango. Il pousse un peu partout dans la forêt dense. Dans la région
située au nord de celle-ci, on ne le voit qu'auprès des marigots, dans les
thalwegs, — dans les dépressions humides de terrain, mais ces lieux sont
très nombreux, comme nous le savons, dans le cercle, puisqu'il y en a
nécessairement entre chaque colline ; c'est dire que le palmier à huile
pousse très abondamment ici. — A côté de lui citons le palmier-ban (ra¬
phia vinifera, ban-iri en dyoula et paralyo en koulango) qui est plutôt
une plante énorme qu'un arbre et une autre sorte de palmier que les Dyou¬
las et les Koulangos appellent a kirisoua ». Il ressemble au palmier à
huile mais est beaucoup moins gros et ses feuilles sont moins vigoureuses.
Il est plus fin. C'est comme une sorte de diminutif de l'élœis. Il porte de
petits fruits rouges en grappes, assez semblables de loin aux régimes de
dattes. On ne fait rien de ces fruits. Les enfants seuls les mangent (1).

Si le palmier à huile peuple les thalwegs des marigots qu'il emplit de
son fouillis pittoresque, le palmier-ronier ou rônier (Borassus Aethiopi-
cum ou Borassus flabelliformis, ainsi nommé à cause de ses feuilles à
pointes aiguës), sandiogo-iri en dyoula et sandiogo en koulango (2), peu-

(1)  Le kirisoua est peut-être ce palmier épineux à petites dattes des marais sa¬
lés (Phoenix spinosi) dont parle Binger dans son grand ouvrage du Niger au
golfe de Guinée, toms II, p. 156. Il faudrait an spécialiste pour l'étude de toute
cette flore.

(2)  Les Dyoulas de Bondoukou ont emprunté le nom du rônier aux Koulangos
leurs voisins. Ils se sont contentés d'ajouter à sandiogo le mot iri qui veut dire
arbre en dyoula et en mandé en général. En bambara rônier se dit sébé.
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