Tauxier, Louis, Le noir de Bondoukou

(Paris :  E. Leroux,  1921.)

Tools


 

Jump to page:

Table of Contents

  Page [53]  



CHAPITRE II
LES  RACES  PRIMITIVES DANS  LA  RÉGION
 

Les G'Bins et Goros ou Gouros (1) appartiennent à cette grande race, si
peu connue du reste, des Mandés du sud qu'on pourrait appeler lesMandé-
Bou (2) et qui s'étend depuis le sud de la Guinée française à travers tout
le nord de la Gôte d'Ivoire, comprenant les Manons, les Guios, les Dans
(du cercle de Touba), les Gouros ou Kouénis (du cercle des Gouros) les
Gans ou N'Gans de l'Anno (de leur vrai nom* G'Beïngg') et enfin les
G'Bins et Gouros du cercle de Bondoukou. Ceux-ci sont du reste très
peu nombreux. Ils ne sont guère plus d'un millier (365 G'Bins et 682
Gouros d'après la statistique que j'ai donnée plus haut) et ils ont ou¬
blié leur langue pour ne plus parler que le Koulango. M. Delafosse a pu
encore en 1902 recueillir à Bondoukou un vocabulaire G'Bin de 65 mots
ou termes divers auprès de « deux femmes de la famille des Gorombo et
revu avec un vieillard G'Bin de Kangaré, tou,s bons informateurs (3) ». Il
a bien fait de le faire, car il ne le pourrait plus maintenant. J'ai essayé
moi-même  en 1918 de prendre un vocabulaire plus étendu que celui  de

(1)  Gbin ou Bin fait au pluriel Gbinbo ou Gbembo ou Gbemmo ou Bemmo — en
Koulango. En Gbin même le pluriel du mot Gbin est Gbénou. Du reste la trans¬
cription Gbin est très défectueuse. On devrait plutôt écrire Gbeïnngnn,

(2)  Parce que le mot dix est chez eux non pas « tan » ni « fou » mais « bon ».
Le mot un est (t do ». Delafosse dans ses Vocabulaires comparatifs a classé ces
Mandé-Bou parmi les Mandé-Fou et, en effet, on peut les en considérer comme une
fraction. Mais, à mesure que l'on étudie ces peuples, il faut distinguer de plus
en plus et les Mandé-Bou forment un ensemble assez important et assez carac¬
téristique depuis le sud de la Guinée Française jusqu'à la Gold-Goast et de])uis
les Manons anthropophages jusqu'aux Gbins de Bondoukou, pour que l'on en
formé un groupe à part. Nous reviendrons plus loin sur cette importante ques¬
tion en étudiant les G'bins et les Gouros de Bondoukou et leurs frères de race
de l'Anno appelés Gan (au pluriel Ganroù) par les Dyoulas et connus jusqu'ici
sous ce nom seul, mais qui se nomment eux-mêmes, comme il m'a été donné de
le découvrir, Gbin ou plus exactement G'Beïngg', au pluriel G'bénou.

(3)  Delafosse : Vocabulaires comparatifs, etc., page 148. Gorombo ou Gouroumbo
est le pluriel de Goro ou Gouro en Koulango. On dit couramment à Bondoukou
les Gorombo ou Gouroumbo pour désigner les Goros ou Gouros, en se servant
de la forme plurielle — Kangaré ou Kanguélé, gros village situé au N.-E. de Bon¬
doukou.
  Page [53]