Tauxier, Louis, Le noir de Bondoukou

(Paris :  E. Leroux,  1921.)

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une région fameuse par ses mines d'or, que l'on apportait à Tombouctou
de l'or en provenant et qu'un célèbre jurisconsulte de Dienné, appartenant
à la tribu des Ouangara, en était originaire. M. Binger avait cru pouvoir
identifier ce pays avec la région de Bondoukou (Côte-d'Ivoire) mais il
serait bien difficile d'admettre que l'autorité des empereurs de Mali se fut
étendue jusque là, car elle ne se fit jamais sentir bien loin à l'est du Haut-
Niger. Nous estimons plutôt qu'il y aurait flieu de placer le Bitou dans la
proximité du Manding et peut-être de l'identifier avec la province aurifère
du Bouré, situé immédiatement su sud du Manding proprement dit. »

Remarquons d'abord que, soit que Ton identifie Bitou avec Bégho-Bon-
doukou, soit que l'on rejette cette identification, l'existence de Bégho à
l'E.N.E. de Bondoukou reste hors de doute, établie par la tradition des
Dyoulas et des Huélas du cercle, et corroborée par des preuves maté¬
rielles. Aussi la question de l'identification avec la Bitou du Tarikh-es-
Soudan et du Tarikh-el-Fettach n'a-t-elle qu'une importance relative pour
les origines de nos Huélas et Dyoulas. Cependant elle mérite d'être exa¬
minée d'un peu près et c'est ce que nous allons faire.

Le Tarikh-es-Soudan parle trois fois de Bitou (ou Bito) pages 22, 30
et 37 de la traduction Houdas. Nous avons cité plus haut in-extenso le texte
du premier passage (« Dienné est un des plus grands marchés du monde
musulman etc p. 129). Nous avons également donné in-extenso le texte du
second passage (p. 30 (( Le jurisconsulte Foudiya-Mohammed, etc. ))) en
citant le capitaine Benquey. Il nous reste à citer le troisième passage,
p. 37, que voici. Cette fois Es-Sadi parle de Tombouctou. Il dit : (( Aupa¬
ravant le centre commercial était à Biro (1); on y voyait affluer les cara¬
vanes de tous les pays et de grands savants, de pieux personnages, des gens
riches de toute race et de tout pays s'y fixèrent; il y en avait de l'Egypte,
de Audjela, du Fëzzân, de Ghadamès, du Touât, du Dra, du Tafilalet, de
Fez, de Bitou etc... »

"Voila donc les renseignements que le Tarikh donne sur Bito ou Bitou.
Dans le premier passage il est noté (au présent, Es-Sadi écrivait au mi¬
lieu du XYii^ siècle) que Bitou est une des sources de la richesse commer¬
ciale de Dienné. C'est le pays de l'or. Es-Sadi nous en parle avec une exa¬
gération évidente « les deux mines merveilleuses (Teghaza pour le sel,
Bitou pour l'or) n'eût par leurs pareilles dans le monde entier !» Mais il
ne iîons dit rien sur la situation dé Bitou. Le second passage ne nous en
dit pas davantage. Quant au troisième texte qui met Bitou sur la même
ligne que l'Egypte, le Fezzan, leTouat, le Maroc, le Sud-Marocain etc., il
nous permet de mettre Bitou assez loin de Tombouctou^, de Dienné où de
Mali, puisque les contrées qu'il cite avec Bitou sont encore plus éloignées
de ces capitales soudanaises que Bégho ou Bondoukou.

(1) Ou Oualata.
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