CHAPITRE   II
LA   FAMILLE
 

On peut distinguer trois étages dans la famille koulango.

i^ le simple ménage ;

2° la maison ou case (1), comprenant plusieurs ménages ;

30 la famille totale ou globale.

Hutte se dit yôrô en koulango et bô en dyoula (comme en bambara).
Maison ou case se dit binn' en koulango (lou en dyoula comme en malinké,
don en bambara). Le chef de maison ou case s'appelle le binntôsé (chef de
la binn) en koulango et loutigui (chef de la lou) en dyoula.

La maison koulango matérielle se compose d'un certain nombre de hut¬
tes. La maison, au point de vue des gens, se compose généralement d'un
certain nombre de ménages, trois en moyenne.

En effet, les frères cadets mariés habitent quelquefois avec le binntôsé
mais pas toujours et même généralement ils habitent à part. En revanche,
les fils, même mariés, habitent toujours avec le père tant qu'il vit.

Les gens qui habitent avec le binntôsé sont sous sa direction, travail¬
lent pour lui et sont entretenus par lui. Mais, avant d'étudier l'organisa¬
tion intérieure de la binn, donnons quelques statistiques qui nous permet¬
tent mieux de voir l'importance plus ou moins grande de la binn au point
de vue numérique :

Voici le village de Bôdô, canton du Nasian, d'après les indications du
recensement de 1909 (2) :

(1)  C'est ce que j'ai appelé dans mon Noir de Guinée le « carré » ou la « car¬
rée » et dans mon Noir du Soudan : la « soukala ».

(2)  Tous les villages qui suivent appartiennent également au canton du Nasian.
Les chiffres de population, pris en 1909 (sauf pour un certain nombre de villages
que j'ai pu recenser moi-même à nouveau, Bougoulaï, Dapinndio, Tombe, Yara,
et qui datent par conséquent de 1919) ne sont pas tout à fait les mêmes (excep¬
tion faite des villages que je viens de nommer) que ceux portés dans l'analyse
de la population du cercle de Bondoukou (Appendice n" 1) chiffres un peu plus
récents que 1909 mais moins récents que 1919. Mais ces petites différences n'ont
pas (l'importa ice pour l'o}>jet qui nous occupe.