Tauxier, Louis, Le noir de Bondoukou

(Paris :  E. Leroux,  1921.)

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CHAPITRE lY
 

LA   RELIGION
 

Pour étudier la religion koulango, nous examinerons lour-à-tour :

1»  les dieux.

2*^  l'organisation sacerdotale.

30  les idées religieuses.

40  les rites.

Gommençons par les dieux, sans nous astreindre à l'ordre d'importance
de ces divinités, et en commençant par les Ancêtres.

Les Koulangos font des sacrifices à leurs Ancêtres. Ils leur font des sa¬
crifices quand il arrive par exemple qu'il y ait des morts répétées dans une
binn. Alors le binntôsé va tuer une chèvre dans la hutte de la plus vieille
femme de la binn : (( 0 ancêtres, dit-il en substance, je vous offre cette
chèvre pour que vous n'attiriez pas à vous davantage les gens de cette
maison ». Il fait égorger alors la chèvre par quelqu'un de la carrée et on
verse le sang sur quatre plats en terre qui sont sur le sol dans la hutte de
la vieille femme. Puis toute la binn mange la chèvre découpée en mor¬
ceaux.

On fait aussi quelquefois des sacrifices dans les mêmes conditions pour
obtenir des enfants qui tardent, de l'argent qui manque'etc.

Dans le Nasian, (au moins dans les quatre villages suivants : Nasian,
Kalabo, Bondoyo et Lande), il y a une fête des Ancêtres à la saison
sèche. Il faut dire d'abord qu'il y a dans chaque village koulango une
vieille femme qui représente particulièrement les ancêtres du village. Le
chef de village l'appelle sa mère, par déférence, et cette espèce de sacer¬
doce se transmet dans la même famille: quand cette « grand'mère du vil¬
lage )) meurt, c'est sa sœur qui la remplace, à défaut de sœur sa fille et à
défaut de fille sa nièce fille de sœur. Gette femme est la ninangoro (vieille
femme) du village et sa hutte est la ninangolèyoro (case de la vieille femme,
de yoro = case et ninangoro ou ninangolo = vieille femme) du village.

Pour en revenir à la fête des Ancêtres, le binntôsé qui possède chez lui
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