Tauxier, Louis, Le noir de Bondoukou

(Paris :  E. Leroux,  1921.)

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CHAPITRE  II
FAMILLE   ET TRAVAIL
 

Nous n'étudierons pas à part le travail des Dyoulas. (Nous savons que ce
sont surtout des commerçants mais aussi des cultivateurs). Nous l'étudie-
rons à propos de la famille et au fur à mesure que nous entrerons dans
le détail de celle-ci.

On peut distinguer dans la famille dyoula plusieurs étages ;

1» le simple ménage : l'homme^ sa femme ou ses femmes et ses enfants.

20 la (( lou )), groupement de plusieurs ménages, à base familiale et à
but économique.

3° la (( so » ou famille globale.

Au dessus de ces étages on peut encore aller plus loin et Jioter :

1° le quartier qui est généralement considéré par les Dyoulas de Bon¬
doukou comme une ancienne famille qui s'est développée.

2^ le sous-clan qui peut comprendre plusieurs quartiers.

3° le clan,   groupement excessivement  étendu,   qui   se reconnaît  au
' (( diamou » (nom de clan) et qui comprend toujours quelque grande par¬
tie de la race dyoula, car il ne semble pas y avoir plus d'une dizaine de
clans — et de noms de clan — chez tous les Dyoulas.

Disons tout de suite que ce n'est pas le simple ménage ou la famille to¬
tale qui sont la caractéristique de la famille dyoula : c'est ce groupement
intermédiaire que les Dyoulas eux-mêmes désignent sous le nom de
(( lou » (1).

Donnons d'abord quelque exemple de famille totale et de lou, par exem¬
ple prenons la famille totale de Baba Kouèma Ouatara commerçant, de¬
meurant à Bondoukou.

Gette famille totale se compose de deux (( lou )).

(1) On dit aussi en Malinké « lou » pour le même groupement et « dou » en
Bambara. Les Dyoulas semblent avoir un synonyme du mot « lou » dans le mot
(t lamorho » qui aurait un sens moins matériel et désignerait exclusivement le
groupement humain renfermé dans la lou, tandis que la lou c'est à la fois la
maison et les gens, l'immeuble et les parents qui y habitent ensemble* Mais
« lou » est le vrai mot caractéristique et pour désigner le chef du groupement
on ne dira jamais le « lamorhotigui » mais le « loutigui » — loutigui également
en malinké et doutigui en bambara.
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