Tauxier, Louis, Le noir de Bondoukou

(Paris :  E. Leroux,  1921.)

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GHAPITRE Y
LES  SITI
 

Les Siti sont un petit groupe de population habitant sur les bords de la
Volta Noire, à Vonkoro, au sud-est de Bouna. Ils sont intéressants en ce
qu'ils sont différents des populations qui les entourent et d'autre part sem¬
blent offrir de grandes ressemblances avec les Déghas. C'est Delafosse qui
les a signalés le premier dans ses Vocabulaires comparatifs (1904). Voici
ce qu'il en dit:

(( Les Siti, venus autrefois du Gourounsi dans la région située entre
la Volta Noire et Bouna, n'ont plus actuellement que deux villages,
tous deux situés sur la partie française de la route de Bôlé à Bouna :
Vonkoro sur la Volta et Hymbié plus à l'ouest (1). Ils racontent que
leur migration se composait surtout d'hommes, qu'établis dans un pays à
peu près inhabité, ils n'ont pu contracter d'unions, ont eu peu de descen¬
dants et ont vu leurs villages disparaître les uns après les autres par extinc¬
tion. Ils ne sont pas tatoués. Outre leur langue, ils comprennent et parlent
le koulango ».

Delafosse donne ensuite un vocabulaire de 90 mots ou expressions qu'il
place entre ce qu'il appelle le « gouressi » (2) et le dégha, ce qui implique
un classement du siti parmi les langues gourounsi.

Il dit encore des Siti dans ses Frontières de la Côte d'Ivoire.^ de la Côte
d'Or et du Soudan (1908) : (( Sur la rive française, à quelque distance du
fleuve, est le village de Vonkoro, dont les cases sont toutes des huttes cy¬
lindriques à toit conique; mais le toit est fait, non pas d'herbes (3) comme
dans les pays du sud, mais de paille disposée par couches régulières s'iin-
briquant comme des ardoises. Les portes sont en forme d'urne, plus étroi¬
tes du haut et du bas que du milieu; un petit mur intérieur, partant du

(1} Hymbié n'existe plus ou, )j1us exactement, n'a plus que trois habitants.

(2)  Ge « Gouressi » est un dialecte gourounsi, exactement un dialecte sissala
ou hissala, comme il me semble, a|)rès comparaison faite avec divers dialectes
gourounsi recueillis par moi en 1919 et qui seront publiés dans un ouvrage pos¬
térieur.

(3)  Ge mot est impropre car les Koulangos comme les Abrons et les Nafanas
emploient les feuilles de rônier pour les toitures de leurs cases.
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