Tauxier, Louis, Le noir de Bondoukou

(Paris :  E. Leroux,  1921.)

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APPENDICE  XVI
Un problème historique : Ngokho et Songo.
 

Un problème intéressant et qui semble n'avoir pas encore reçu de solu¬
tion entièrement satisfaisante s'attaehe d'une part à Ngokho, village situé
au Sud-Est de Tengréla et d'autre part à la Songo dont parle Barros. Par¬
lons d'abord de Ngokho découverte par Binger pendant son grand
voyage du Niger au golfe de Guinée (Tome l^r^ p. 235 à 237).

(( Ngokho, dit Binger, qui était resté un peu en dehors de ces luttes,
fut pris et détruit par Tiéba en 1884 et forcé de reconnaître le protecto¬
rat. Tiéba laisse gouverner N'Gana, chef de Ngokho, comme il l'entend,
mais, ainsi que Zibbo, chef de Mbeng-é, il fournit des contigents et paye
tribut.

Ngokho ou Ngogo, d'après mon informateur, serait la plus vieille ville
que l'on connaisse par ici. Jadis elle était capitale et composée de deux
villes : celle où habitait le roi s'appelait Nsogona, Nansogona ou Nséguéna.
Autour de cette ville il y avait de nombreux bosquets sacrés.

Le roi avait beaucoup de grands chiens qui portaient des colliers à son¬
nettes en or. Des captifs désignés spécialement ne s'occupaient que d'eux.
Maintenant tout cela n'existe plus: les'honimes de Nsogona sont venus il y
a longtemps dans Ngokho et l'emplacement même de Nsogona a presque
disparu. Les chiens aussi sont morts depuis longtemps et il n'y a plus rien
de particulier à Ngokho, si ce n'est que dans certaines fêtes les vieux vont
chercher un grand tam-tam long devant lequel les femmes se voilent la
figure avec leur pagne et se prosternent pour faire le salam. Ge tam-tam est
appelé à Ngokho, daba,

Ge mot daba ne m'était pas inconnu : en cherchant ^'dans mes notes ex¬
traites des auteurs arabes, je Pai retrouvé dans celles qui concernent Ghana.

Gette description de Ghana (extraite d'El-Bekri) ressemble en beaucoup
de points à ce que mes informateurs m'ont raconté de Ngokho.

Je trouve par exemple que Ghana était composée de deux villes. Gelle
qui est habitée par le roi est à six milles de l'autre et porte le nom d'El-
Ghaba, (le bocage la forêt). N'est-il pas curieux de voir que Nsogona veut
dire en Siéné-ré « dans la brousse » ?
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