Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

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tes étaient jonchées de ca4avres en bouillie ou
de cprps geignants dans un pêle-mêle indes¬
criptible, le sang coulait de toutes parts et,
pour compléter cet affreux spectacle, les gé-
inissements, les plaintes des uns, les hurle¬
ments victorieux des autres.

Quelle ignoble boucherie ! Des enfants fu¬
rent massacrés squs les yeux de leurs parents,
mutilés, égorgés, jetés en l'air et reçus sur la
pointe des baïonnettes. Puis vint le tour des
femmes, qui subirent les tortures les plus atro¬
ces, les plus inouïes. Un hôpital plein de ma¬
lades et de blessés fut brûlé par les incen¬
diaires, que n'attendrissait aucune misère
humaine. Et après le meurtre, ce fut le pillage,
la dévastation, jusqu'au moment où éclata une
sonnerie de clairon suivie du cri : Pqdichahem
tchok yacha ! (Longue vie au sultan !) qui
marqua la fin des hostilités.

Ces tristes événements causèrent une im¬
mense désillusion. Parce qu'il y avait, en Tur¬
quie, un nouveau régime et qu'une ère de pro¬
grès semblait devoir rénover le vieil empire,
on croyait ces tueries à jaipais disparues. Mais
il fallut rééditer le mot fameux : « Plus ça
change et plus c'est la même chose ! »

Au lieu de punir énergiquement les cou¬
pables — et ils étaient nombreux, -r^ le gou¬
vernement tergiversa, dans le but évident
à'épargner l^s musulmans.
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