Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

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par leur arrogance vis-à-vis de l'Islam, au¬
raient déchaîné la haine et la vengeance ? L'Ar¬
ménie aurait donc tissé son linceul, aiguisé
l'arme qui devait faucher les siens ?

C'est inadmissible, puisque ses habitants
n'avaient aucun moyen de défense. Cela ne
tendrait-il pas à prouver, au contraire, qu'ils
ont été pris au dépourvu ?

D'ailleurs, les chiffres — qu'on ne peut mal¬
heureusement définir d'une façon exacte —
sont d'une éloquence qui vous fait frissonner.
Trente mille personnes égorgées, trois cents
fermes incendiées, plus de dix mille têtes de
bétail volées, des pertes matérielles dépassant
vingt millions de liv. tq. (environ 500 millions
de francs), tel est le bilan approximatif du
massacre des Arméniens dans la province
d'Adana.

Bien entendu, les Turcs protestèrent contre
ces chiffres et tournèrent en dérision les affir¬
mations de maître Zohrab, député arménien de
Constantinople, à la Chambre ottomane, qui
apportait à la tribune des preuves accablantes.

(( Messieurs, s'écria-t-il, je connais les façons
employées par le gouvernement pour déformer
la vérité. A l'époque des massacres arméniens
de 1895, en ma qualité d'avocat de plusieurs
inculpés arméniens, j'ai appris que le malheu¬
reux arménien qui se réfugiait derrière un pan
de mur, alors qu'il était attaqué par des gens
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