Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

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LES   TURCS   ONT  PASSE  LA.,.                      35

les femmes, préparez vite de l'eau, on a mis le feu
à la ville». L'effroi s'enipara de nous et les pleurs
redouhlcut d'intensité. Oh ! mon Dieu, est-ce vrai¬
ment le jugement dernier ? Il n'y a plus moyen de
fuir, il faudrait se préparer à brûler vifs, nous
nous serrons et nous crions en disant « mourons
toutes les quatre ensemble, passons au trépas en¬
semble ».

Le danger le plus imminent était le feu, c'est cela
qui nous effrayait le plus, d'un autre côté les balles
pleuvaient sans cesse.

Les supplications et les lamentations se sont élevées
jusqu'au ciel et ont remué la clémence divine. Dieu
a tourné les yeux de notre côté... Le feu s'est éteint
tout seul, après avoir détruit trois maisons seule¬
ment. Ici la miséricorde de Dieu s'est révélée très
clairement.

A cet effet, les kurdes honteux, redoublèrent leur
fureur, ils employèrent tous les moyens imaginables
pour entrer dans la ville ; ils incendièrent le couvent
de Saint Jacques.

Notre peur augmente de jour en jour, les nôtres
épuisent leurs cartouches, ils n'ont presque plus de
poudre et il n'y a pas d'espoir de secours.

Voici le douzième jour arrivé, jour pendant lequel
l'ennemi était probablement décidé à entrer coûte
que coûte dans la ville pour massacrer, incendier et
piller tout, quand un colonel nous est arrivé de Missis
avec 380 soldats réguliers. Il a dispersé et mis en
déroute l'ennemi tenace, il a pénétré en ville et nous
a tous tranquillisés...

Vos très humbles Sœurs
de l'Immaculée Conception.
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