Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

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venaient au collège, sous la protection des soldats,
tous avec des figures hâves et pâles comme des fan¬
tômes, la plupart boueux, les vêtements déchirés et
pieds nus. Ces malheureux, pour échapper au feu
qui léchait tout, s'étaient sauvés vers les roseaux des
bords du Cydnus et s'y étaient abrités, en passant
toute la nuit dans la boue, sans gîte et affamés.

A midi sont arrivés d'Adana notre directeur
M. Christy et M. Gibbens un des professeurs, amenant
avec eux une trentaine de soldats réguliers. Cela a
provoqué une joie sensationnelle, car il était à craindre
que notre collège aussi soit attaqué et ceux qui s'y
étaient réfugiés soient massacrés.

Aux environs de Tarsous, parmi tant de villages
musulmans il y a un seul village arménien, Kozon-
louk. 11 a subi des atrocités épouvantables, la grande
partie des habitants ont été impitoyablement njas-
sacrés, les belles dames et les demoiselles furent
enlevées, violées ou bien forcément mariées aux
jeunes gens musulmans. La plupart aussi ont été
islamisées bon gré malgré et immédiatement assom¬
mées pour que leurs âmes soient sauvées (1).

Pour donner une idée sur les atrocités commises,
il suflît de rappeler le fait suivant qui fait hérisser les
cheveux.

A une heure de distance de la ville, dans une vigne,
une femme de 70 ans vivait paisiblement, cheveux
blancs et ridée ; une dizaine de Turcs assouvissent leur
passion brutale sur cette carcasse. S'ils agissent ainsi
 

(1) Ils ont brûlé les femmes et les filles en versant du pétrole sur
leurs cheveux, et ils ont assisté aux tortures atroces des victimes
en faisant des sarabandes autour d'elles et e» battant les mains. Hor¬
reur I
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