Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

Tools


 

Jump to page:

Table of Contents

  Page 86  



86                         LES   TURCS   ONT  PASSE   LA...

L'incendie dura plusieurs jours.

Plus de 4.000 femmes et enfants purent cependant
trouver un refuge chez M. Artémis, commerçant grec
dont la mère, pour permettre plus facilement l'accès
de la maison à la multitude groupée à la porte, jeta
bas une partie du mur du jardin.

Le lendemain, les pillards entrèrent en scène. Ils
brisaient les devantures des magasins sans distinc¬
tion, emportaient les marchandises, enfonçaient les
coffres-forts, faisaient main basse sur tout, mettant la
ville à sac. L'on dit même que des querelles surgirent
entre eux, quant au partage du butin, au cours
desquelles il y eut des centaines de tués.

D'après une statistique très sérieuse il y a eu
17.600 arméniens tués à Adana et environs, 1.900 mu¬
sulmans, et, dans la ville d'Adana, 99 grecs.

L'état de siège a rétabli Tordre. Chacun vaque à
ses affaires.

Les éprouvés et les orphelins s'abritent sous des
tentes non loin de la gare. Les blessés sont guéris.
Et les secours affluent pour soulager la misère de
toutes ces victimes ; les autorités s'occupent, de la
part du gouvernement, d'installer et de les protéger.

Néanmoins, la ville donne en général l'impression
d'une maison mortnaire, au moment où les intimes
reviennent du cimetière.
  Page 86