LES TURCS ONT PASSÉ LA.,, 327
qui permette de telles atrocités, et s'il s'en trouvait
une par hasard, nous nous éloignerions d'elle et la
détesterions ; nous ne voulons pas devenir des cou¬
pables et désirons rester purs comme Dieu au ciel.
O! Turcs. — Le monde était émerveillé et le monde
célébrait vos louanges; le sang qui coule dans mes
veines coule dans les vôtres aussi. Je me disais :
« Puisque Dieu a bien voulu me faire naître Turc, il
faut q\ie je meurs Turc », mais aujourd'hiîi je rougis
de honte et désire me cacher derrière un rideau pour
ne plus paraître aux yeux du monde; j'aurais désiré
qu'il existe entre vous et moi ce qui existe entre vous
et la conscience, c'est-à-dire la pitié humaine ; j'aurais
préféré qu'il ne coule pas dans mes veines ce sang qui
vous a poussé à des actes fratricides ; je ne suis pas le
seul à le dire, tous les bons Osmanlis sont avec moi,
tous ceux qui respectent le genre humain.
Of Osmanlis, — N'êtes-vous point étonnés? Ne
voyez-vous pas où nous allons? Au moment où vous
lisez ces lignes, on massacre nos malheureux frères,
on brûle leurs maisons et on leur fait endurer destor¬
tures que nul être humain n'a subies. Nous assistons
aujourd'hui au spectacle d'une nation dont la seule
faute a été une confiance et une reconnaissance sans
bornes envers ses compatriotes et voisins^ lesquels
aujourd'hui Fégorgent^ comme on égorge un troupeau
de moutons ; le sang rouge coule sur une page de
l'histoire ottomane.
Of Poètes, ê écrivains» — Laissez de côté les
rêveries et la description des cheveux noirs, des
joues rosées^ etc. etc., levez-vous avec moi, et con¬
damnez selon la justice, les actes sombres et les
journées rouges. Employez au moins votre plume à
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