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gneuries furent alienees par parcelles tellement minimes, qu'elles
finirent par perdre leur nom et par disparaitre completement :
alors la justice , qui subsistait toujours dans son entier, prit
le nom de fief en Voir , parce qu'elle ne reposait plus sur au-
cune terre. Le meme resultat etait encore amene par la faculte
que l'on avait d'aliener separement le fief et la terre.
Denuees de tout signe materiel, ces justices perdirent souvent
leur nom primitif pour en prendre un nouveau, qui fut celui
des families qui les avaient possedees pendant longtemps , ou
bien celui du lieu ou elles s'exercaient, et qui, par emprunt de
territoire, pouvait etre situe hors de leur juridiction ; oil bien
encore tout autre nom que l'usage leur imposa. Ces variations
sont autant de chances d'erreurs auxquelles il est bien difficile
d'echapper completement.
Au milieu de ce labyrinthe , les arrets de la Chambre du do¬
maine etaient le seul fil qui put nousguider surement; faute
de ce document, le Dictionnaire des terres et des seigneuries
ne peut plus etre recompose qu'a l'aide de materiaux epars et
incoherents , auxquels il est difficile de donner une liaison assu-
ree. On trouve bon nombre d'indications de proprietaires de
terres a diverses epoques dont on ne peut se servir, parce que
la situation de ces terres n'est pas indiquee, et qu'il en existe
plusieurs du meme nom. Cette incertitude est cause qu'on ne
peut utiliser immediatementtous les materiaux qu'on a recueillis;
il faut, pour les employer a propos, attendre qu'ils s'eclair-
cissent et se completent par d'autres, d'oii il resulte que ce
Dictionnaire ne peut pas etre produit d'un seul jet, mais doit
resulter de perfectionnements successifs.
Vessai que nous donnons aujourd'hui ne doit £tre considere
que comme un premier pas en ce genre de recherches; comme
une suite de jalons poses sur la route a suivre et qui peuvent
guider utilement dans des investigations subsequentes. Nous
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