Ibn Batuta, Voyages d'Ibn Batoutah. (Link to Index)

(Paris,  Imprimerie nationale,  1926.)

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xxxvi                                    PRÉFACE.

de leurs habitants. Le voyageur florentin paraît toutefois être très-
peu versé dans l'histoire ancienne et dans la connaissance de f a-
rabe; c'est du moins ce qu'annoncent quelques étymologies ridi¬
cules et de graves erreurs historiques. Il se trompe aussi sur des
faits, bien connus maintenant de tous ceux qui ont une légère
teinture des mœurs et de la religion musulmanes. C'est ainsi qu'il
assure (page 83) que les Sarrasins solennisent le lundi et disent
que c'est leur jour sanctifié. 11 fait preuve d'une grande crédulité
lorsque, après avoir dit (p. loo) que les musulmans peuvent di¬
vorcer, puis reprendre leurs femmes jusqu'à trois fois, mais pas
davantage, il ajoute: « à moins qu'ils m les mettent auparavant en
rapport avec un homme aveugle. 11 y a des gens qui se font aveugler
volontairement pour remplir une telle fonction «.lise trompe quel¬
quefois dans l'indication des distances, comme quand il place Cé-
sarée de Philippe (Panéas ou Baniâs) à cinq milles seulement du
mont Thabor (p. i63), et Zaffet (Safad) à six milles de Césarée
de Philippe (p. i64). Malgré ces défauts, la relation de Fresco¬
baldi ne nous a pas semblé indigne de l'attention des orienta¬
listes et des géographes, et cela nous a décidés à en donner ici une
courte analyse.

Frescobaldi partit de Florence le i o août 1384, et arriva à Ve¬
nise après avoir traversé Bologne, Ferrare, etc. Il était accom¬
pagné de deux amis; chacun avait son domestique et ils avaient,
de plus, un économe pour eux tous. Ils s'embarquèrent pour
Alexandrie, le 4 septembre, à bord d'un navire vénitien tout neuf,
de la capacité de sept cents tonneaux, et payèrent dix-sept ducats
par tête. Us avaient pour compagnons des marchands, des pèlerins,
des soldats, etc. Le navire était principalement chargé de draps
de Lombardie, et aussi d'argent en lingots, de cuivre fin, d'huile
et de safran. Au bout de huit jours, on arriva à file de Zante, où
fon resta six jours et où l'on prit des vivres. Pendant ce temps,
les vents contraires se calmèrent, et le navire, ayant repris sa
marche, atteignit Modon le 19 septembre. C'était alors un beau
cbâleau, très-bien fortifié et occupé par les Vénitiens. On s'y four¬
nit de viande fraîche et d'eau, et fon se rendit ensuite à Coron,
autre possession vénitienne, ou fon embarqua des marchandises;
puis, dit le voyageur, nous prîmes la haute mer vers Alexandrie,
et, laissant à gauche l'île de Crète (Candie) et à droite une petite
île, nous arrivâmes au port d'Alexandrie, dans la nuit du 26 au
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