Moser, Henri, À travers l'Asie Centrale

(Paris :  E. Plon, Nourrit ...,  1886.)

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LE   PAYS   DES   TURCOMANS.                                       319

Sarakhs; depuis cette époque, ils se déclarérent indépendants, guerroyant
sans cesse contre Khiva, Boukhara et la Persc

Les Tékés se divisent en deux grandes familles (Ottainich, Tokhtaraich),
qui se subdivisent en quatre tribus (Bek, Vakil, Bakhchi-Dach-Ayak,
Tchitchraas), lesquelles a leur tour se raraifient a I'infini. Ils sont raLisul-
raans sunnites, et, corame tous les Turcomans, suivant leur richesse, pas-
sent de la vie nomade å la vie sédentairc Au centre des champs qu'ils
cultivent s'élévent leurs forteresses, vastes murs en terre glaise flanqués
parfois de tours, oú une seule porte donne accés. Ces forteresses, appelées
Kala, ne sont généralement habitées qu'aLix époques des seraailles et des
récoltes; le reste du temps, I'aoul suit ses troupeaux dans les pâturages, et
ce n'est que quand un ennemi est signalé qu'ils dressent leurs kibitkas dans
les enceintes fortifiées, dont ils barricadent I'entréc

Jusqu'á leur souraission â la Russie, les Tékés ne reconnaissaient aucune
autorité, et leur adrainistration était des plus siraples. Une asserablée
d'icĩianes et de notables des différents aouls traitait les affaires intéres-
sant toute la tribu, corame, par exeraple, la levée en raassc Cette asserable'e
noraraait aussi les Khans, dont I'un résidait á Merv et I'autre á Askhabad
dans l'Akhal. La céréraonie de I'investiture était on ne peut plus républi-
caine; le doyen de rasserablée disait tout siraplement k I'élu : « Tu seras
Khan » , et lorsque ce fonctionnaire cessait de plaire á ses turbulents élec-
teurs, ceux-ci le déposaient en lui disant :   « Tu ne seras plus Khan. »

La dignité de Khan n'était, du reste, guére enviée : on ne rendait á ce
chef aucun honneur, et son influence e'tait presque nulle; le Khan repré-
sentait le pouvoir exécutif et disposait de quarante djiguites pour exécuter
ses ordres; c'était réellement le premier serviteur de sa tribu; il n'avait
pas mérae le droit de prelever les irapôts. Le titre de Kban était encore
octroyé exceptionnelleraent, corarae distinction honorifique, á ceux qui
avaient fait preuve d'une grande bravoure dans les guerres.

Le Khan le plus célébre de l'Akhal fut Nour-Verdi, de la tribu des
Vakils; il battit les Khivains en 1855, les Persans en 1861 et les Russes
devant Ghéok-Tépé en 1869. Ayant ane'anti les Saryks á la téte de deux
raiUe Tékés, cet acte de bravoure lui valut d'epouser Goul-Djaraal, la plus
belle et la plus intelligente fille de Merv. Les biens qu'il acquit par ce
raariage lui perrairent de résider tantôt dans I'Akhal, tantôt sur les bords
3u Mourgab. Intrépide, juste et hospitaher, ce prince jouit d'une grande
influence jusqu'en 1880. II raourut a I'âge de cinquante ans; son fils
Makhtoum-Kouli-Khan lui succéda, mais il n'avait pas les éminentes qua-
lités de son pérc
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