Moser, Henri, À travers l'Asie Centrale

(Paris :  E. Plon, Nourrit ...,  1886.)

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320                                   A   TRAVERS   L'ASIE  CENTRALE.
 

LE   CHEVAL   TURCOMAN.

Cômrae chez tous les Turcoraans, nous retrouvons parrai les Tékés les
tchomrys, sédentaires, et les tcharvas, noraades; les troupeaux forraent
I'unique richesse de ces derniers; ils élévent de grands et robustes cha-
raeaux, une excellente race de raoutons; raais ce sont surtout leurs che-
vaux qui ont acquis la plus grande réputation, raérae en dehors des fron-
tiéres de I'Asie centralc Déja, du teraps d'Alexandre le Grand, les chevaux
de la Sogdiane étaient célébres. Marco Polo, parlant des excellents chevaux
de I'Asie centrale, que la légende faisait descendre de Bucéphale, dit qu'ils
avaient les sabots si durs, qn'on ne les ferrait pas. Si le cheval téké descend
directeraent de cette race, son sang a été fréqueraraent renouvelé; ainsi
Tiraour, voulant I'araéhorer, distribua cinq raille juraents arabes aux Tur-
coraans, et dans notre siécle, Nasr-Eddin leur en donna six cents. Ne'an-
moins, le cheval téké actuel n'offre pas les signes caractéristiques de la
race arabe, il ressemble plutôt au pur sang anglais : grand, sec, å raerabres
gréles, au poitrail étroit, il a le cou long et raince, le garrot extrêraeraent
relevé, la téte souvent lourde, I'arriére-raain coraparativeraent peu deve-
loppéc II raanque á ce cheval le signe distinctif de I'arabe : l'attache de la
queue hautc Le cheval téké a la croupe souvent torabante et, par suite, un
vilain port de queue, la téte busquée, ou au raoins droite, presque toujours
lourde et disproportionnée; I'æil en revanche est reraarquableraent grand.

Les Téke's n'ont pas de haras; le cheval est élevé dans I'aoul, et les
juraents seules suivent aux pâturages les troupeaux des tcharvas; on les
inonte peu, elles ne servent a transporter le cavalier qu'â de petites dis-
tances. Élevé au railieu des habitations, I'étalon, doux pour le cavalier,
est d'une intelligence rarc

Un proverbe turcoraan dit : u Pour faire un cheval du poulain, le pro-
priétaire se fait chien (se sacrifie). » Mais ce n'est lá qu'un dicton de pare.s-
seux^ car I'étriIIe et la brosse sont inconnues; le pansage se réduit a sa plus
siraple expression. Arraé de son couteaLi, le TLircoman gratte le cheval,
toujours dans le sens du poil, et se contenle ensuite de le lisser soit avec la
manche de son khalat ou avec un morceau de feutre. Le poulain reste cou-
vert nuit et jour de piéces de feutre dont le norabre augmente avec son
ágc Deux ou trois feutres, en forme de chabraque, couvrent le garrot des
chevaux adultes, généraleraent sillonné de blessures, et ne se soulévent
qu'avec les plus grandes précautions; le Téké prétend que I'air et le soleil
surtout sont nuisibles a cette partie si délicate de I'épine dorsalc
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