Jaccard, Henri, Essai de toponymie

(Lausanne :  G. Bridel & cie,  1906.)

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ESTAVANNENS   —  ESTEVENENS                          155

rochers, par la même figure qui fait dire l'aisselle des feuilles
pour l'angle aigu entre la feuille et la tige.

Estavannens, D. Gruyère, Frib., Estavanens, 1281, Extave-
nens, i458 =1 chez les descendants d'un Germain au nom indé¬
terminé Stabatin, Stabadin ? (Stadelmann.)

Estavayer-le-Lac, Stavaiel, ii58, 1162, M. F. III, Stavail,
Stavaia, 1177, F. B. I, Estavay, ii84, Estavail, 1224, Sta-
violo, 1225, M. R. I, 208, Stavaya, 1244? Estavay acum, 1265,
Stavay, 1800, F. B. II, Staviacum dans les chartes du xv^ s. -—
Estavayer-le-Gibloux, Stavael, 11^2, Gart. Month., Staviolum
snb Jublor, 1227, Estavaiel-li vila, 1228, etc Le suffixe acum
n'est qu'une graphie de chartiste et ces deux localités doivent être
exclues des noms en acum. Gatschet dérive Estavayer, ail. Stâffis,
patois Tavaï, du bas latin stadivum, ail. stad, staad, lieu de dé¬
barquement ; mais si cela est bon pour la ville, cela ne convient
guère pour le village du Gibloux. Ensuite cela ne tient pas compte
des anciennes formes ci-dessus. Nous pensons nous approcher da¬
vantage de la vérité en rattachant ce nom au v. h. ail. stajfal,
aujourd'hui staff el, station, étape, surtout des troupeaux s'élevant
à la montagne. M. le prof. Bonnard nous objecte (in litt.) que le
f de staff ne s'est pas changé en v dans les mots romands. C'est
vrai pour les mots introduits récemment, qui ne remontent pas au
delà du xvi^ s., tandis que ceux-ci ont passé dans le romand au
xii^ et sans doute avant.

Dans le Gart. Haut-Grêt, M. R. XII, p. 198, on trouve la mention d'un
Gererdus apud villam cujus nomen est Thasvael. Au Répertoire, p. 256,
M. Hisely le rapporte à Estavayer-le-Lac. Nous sommes d'accord pour
identifier avec Estavayer ce nom qui ressemble beaucoup au patois Ta¬
vaï. La métathèse de l's est curieuse. G'est peut-être une simple faute du
copiste qui deux lignes plus bas écrit Wluricus pour Ulricus. Toutefois
nous rapporterions plutôt ce Thasvael à Estavayer-le-Gibloux : il y est
question de la dîme de Bouloz donnée à Haut-Grêt et les personnages
nommés sont presque tous des villages voisins du Gibloux.

Estevenens, D. Glane, Fribourg, Estevenens, i4o8 rrr: chez les
descendants d'Esteven, n. pr. germain dérivé du latin Stephanus
(Stadelmann).
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