Guizot, François, Histoire de la civilisation en France depuis la chute de l'Empire romain (v. 1)

(Paris :  Didier,  1876.)

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PÉLAGIANISME.                                        171

culte : c'étaient de pures opinions débattues entre des
hommes d'esprit ; plus ou moins accréditées, plus ou
moins contraires à la doctrine officielle de FÉghse,
mais qui ne la menacèrent jamais d'un schisme. Aussi
de leur apparition et des débats qu'elles avaient susci¬
tés, il ne resta guère que certaines tendances, certaines
dispositions intellectuelles, non des sectes ni des écoles
véritables. On rencontre à toutes les époques, dans le
cours de la civilisation européenne : 1^ des esprits pré¬
occupés surtout de ce qu'il y a d'humain dans notre
activité morale, du fait de la liberté, et qui se ratta¬
chent ainsi aux pélagiens; 2^ des esprits surtout frap¬
pés de la puissance de Dieu sur Fhomme, de l'interven¬
tion divine dans Factivité humaine, et enclins à faire
disparaître la liberté humaine sous la main de Dieu :
ceux-là tiennent aux prédestinatiens. 3^ Entre ces deux
tendances se place la doctrine générale de FÉghse, qui
s'efforce de tenir compte de tous les faits naturels, de
la*Jiberté humaine et de l'intervention divine, nie que
Dieu fasse tout dans l'homme, que Fhomme puisse tout
sans le secours de Dieu, et s'établit ainsi, avec plus de
raison peut-être que de conséquence scientifique, dans
les régions du bon sens, vraie patrie de l'esprit humain
qui y revient toujours, après avoir erré de toutes parfe
(j)oH longos errores).
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