Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

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310                 LES TURCS ONT PASSÉ LA...

« Tue moi, que je ne tombe pas entre leurs mains » >
et le malheureux à moitié fou la tue ; sa jeune sœur
assistait à cette scène, et a été presque folle jusqu'à
ces derniers temps. Dans une autre maison, un père
resté auprès de sa fille malade fut brûlé avec elle...
Un groupe de femmes qui avait erré toute la journée
rencontrèrent le soir un vieux Turc et se jetèrent à
genoux en criant : « Ne nous tuez pas.» Il les rassura
et leur indiqua une grotte, où elles purent se cacher ;
mais une bande de Turcs passa et s'arrêta tout près ;
ils commencèrent à se disputer pour le butin. Un
enfant d'une femme arménienne, âgé de dix jours, se
mita crier. Les autres femmes, affolées, lui disaient :
« Fais^le taire ou nous sommes perdues ». Au bout
d'un moment le petit s'était tu. Le lendemain matin,
quand les Turcs se furent éloignés, les femmes
dirent à la mère : « Comment l'as-tu fait taire ? Elle
leur dit : « Regardez-le ! » 11 était mort sur ses
genoux, elle l'avait étranglé.

Voici, abrégés mais exactement transcrits, les
passages d'un rapport de la mission protestante :

On les conduisit au tekké du cheikh Omar agha. Le
vieillard, en les apercevant, de s'écrier : « N'amenez
pas ici ces infidèles ». Ces paroles furent le signal
d'un meurtre collectif qui fut consommé très rapide¬
ment... 99 hommes de Kerkhan furent ainsi égorgés,
en deux fois...

Après quoi, les Kurdes enlevèrent les femmes les
plus jeunes ; le reste des femmes et des enfants fut
gardé chez le vieux cheikh qui les renvoya plus tard
à Beïlan...

Quelques Turcs voulurent emmener une femme,
Ekili Hosep, jeune mariée qu'ils venaient de rendre
veuve; à plusieurs reprises, ils l'attachèrent à la
selle d'un cheval, mais en se débattant de toutes ses
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