Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

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LES   TURCS   ONT  PASSÉ   LA...                   311

forces elle réussissait à se dégager de ses liens. Les
Turcs exaspérés finirent par lui enlever tous ses
vêtements et après l'avoir ainsi exposée aux regards
et aux insultes de nombreux assistants, ils la massa¬
crèrent de la plus barbare façon.
 

Les atrocités d'Antioche

Le 6 avril, c'était un lundi, le ciel était couvert
de nuages sombres et lourds, la terre était sous un
linceul noirâtre, la nature semblait pressentir les
événements qui devaient avoir lieu dans la journée.

Les Arméniens (60 maisons) de Kerek-Khan, sur la
route d'Alep à Alexandrette, étaient massacrés d'em¬
blée, les nouvelles d'Adana avaient déjà excité tous
les nerfs, le massacre de ce village avait rendu
furieuse la féroce populace. Quant aux malheureux
arméniens, ils étaient en agonie et prévoyaient par¬
faitement que l'affreux moment d'être exterminés
approchait de minute en minute. Mais celui qui vit
ne cesse jamais d'espérer, comme dit le proverbe :
« Celuiqui tombe dans la mer embrasse même le ser¬
pent » ; ces malheureux n'avaient pas d'autre espoir,
d'autre protection que le gouvernement ennemi
des arméniens. Il fallait implorer les secours d'un
caïmacam abruti et féroce, d'un colonel héros de la
tyrannie, Raîal Agha, frère d'un député national Hadji
Réfat Agha. Ainsi on avait décidé de leur envoyer en
députation trois personnes de l'ordre religieux. Ces
prélats, les yeux pleins de larmes et prosternés,
avaient demandé ^l'aide des autorités locales, les-
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