Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

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322                      LES  TURCS   ONT  PASSE   LA...

mes ongles étaient presque arrachés, j'étais suppli¬
cié, et je n'étais pas loin d'expirer, s'ils ne m'avaient
sauvé de cette situation infernale.

Aussitôt après on m'apporta un encrier, une plume
et du papier et l'on m'ordonna de tracer ce que je
pouvais savoir au sujet du Métropolitain arménien
Miouchegà et sur d'autres de mes compatriotes. On
battait et martyrisait les quatre autres arméniens en¬
fermés dans des cellules de la prison ; on enfonçait
des broches dans le visage et les oreilles d'un certain
fondeur Meguerditch et le sang giclait. Je commen¬
çais à trembler de peur. Le fils de Muheddine fonc¬
tionnaire à Saatkhané était là, je lui ai demandé ce
que je pouvais écrire. J'écrivis tout ce que l'on me
suggéra de fanx, d'illogique, étant tout anéanti en y
ajoutant pour ma part des chcsesqui n'avaient pas le
sens commun. Les personnes précitées ont déposé
leurs signatures au bas de la pièce.

Cette pièce qui, avait beaucoup d'importance pour
les fonctionnaires fût envoyée aux autorités...

Quelques jours après votre arrivée,vous avez donné
Tordre de me libérer, car j'étais innocent ; cependanl
vous ne m'avez pas demandé si tout ce que j'avais
écrit était vrai ; moi-même je n'ai pas osé vous le
dire.

J'ai eu nn moment l'idée de tout vous avouer, mais
je lus interloqué, car j'aperçus le fameux Mustantik,
digne du dernier jugement, Tont ce que j'écrivis
sous menace esît contraire à la vérité; je le déclare à
votre tribunal pour calmer les remords de ma cons¬
cience <ici-bas et dans la vie future. Dems l'avenir je le
déclarerai olficiellement. Je préfère mille fois me sui-
eidarqu^de vivre une minute de plus dans Adana.Ijes
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