Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

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324                 LES TURCS ONT PASSÉ LA...

Mihran Gazozdji qui a sauvé de la mort 500 person¬
nes, 2** Nazar Indjian qui nous a recommandé ses deux
enfants se trouvant à l'hospice ; 3° Mesrob Kezlarian
dont la jeune fillette suspendue au cou de M. Ohanl-
chanian, suppliait pour qu'on lui rendit son père ; 4^
Armenak Dakessian ; 5*^ Abdul Missak ; 6** Roupène
Boyadjian etc., etc.. — Ces pauvres gens dont une
partie est absolument innocente et l'autre poussée par
l'instinct de la conservation a sauvéla vie de centaines
d'hommes, étaient dignes en d'autres circonstances,
d'être présentés comme des héros.

Ils espéraient que, devant la justice, toutes les
calomnies et les accusations fausses devaient céder
et que leur œuvre courageuse de vrais ottomans
serait récompensée.

Au contraire ils sont condamnés. Ils iront tout
enchaînés au fort de Payas, en compagnie des musul¬
mans avec lesquels ils s'était trouvés aux jours des
événements sanglants. Cependant on ne lit sur leur
visage fatigué par les peines, aucune trace de décou¬
ragement ni de désespoir.

Ils ne sont pas abattus, ils espèrent encore sans
doute, ils ont la foi qu'un jour la vérité percera, et
que les hommes qui leur passent des chaînes aux
pieds, décoreront peut-être leur poitrine de médailles
de reconnaissance pour leurs actes de courage et
d'abnégation.

Il ne me fut pas permis de causer avec les
condamnés, mais l'image de leurs figures était impri¬
mée en moi d'une façon ineffaçable, il n'y avait
qu'une seule chose qui s'harmonisait avec notre
pensée, c'était la grandeur de la misère et de la tor¬
ture.
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