Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

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312                      LES  TURCS   ONT  PASSÉ   LÀ...

quelles répondirent  avec dédain :  « Rentrez donc
chez vous, rien n'aura lieu » et les renvoient. — Ces
malheureux désespérés n'ont rien autre chose à faire
pour leur salut que de retourner au Dieu séculaire et
sanguinaire des arméniens. Ils implorent, ils sup¬
plient, ils se lamentent, ils pleurnichent, ils crient, ils
prient avec ferveur d^ns les églises, mais en vain,
qui est-ce qui exaucera ces prières, puisque Dieu les
laisse impitoyablement massacrer depuis des années?
Il  arrive   donc  ce   moment sinistre  où  des   mil¬
liers de lâches féroces,  assoiffés du sang arménien
qui leur est doux comme du sucre, se ruent dans
l'église, avec des sabres, des gourdins et des yata¬
gans, et des baïonnettes ou fusils prêtés par le colo¬
nel (pour massacrer sûrement les arméniens), pour
assommerune centaine de malheureux qui priaient le
Créateur pour là protection de leur personne. —
D'accord, ils brûlent la barbe du clergé, ensuite ils
leur crèvent les yeux et plus tard ramassant dans l'é¬
glise les évangiles et la croix, ils les déposent sur les
poitrines de ces prêtres, ils y versent du pétrole,  y
mettent le feu,  et  brûlent ces pauvres êtres  tous
vivants ;   avec  des  cris   sataniques,   démoniaques
et sauvages, ils injurient et blasphèment la reli¬
gion du Christ, l'évangile et la croix, en ricanant
et   disant :    «   Qu'il   vienne   donc   votre   Christ,
pour vous sauver,,,  » Imaginez-vous  la situation
des autres arméniens devant ce spectacle navrant.
Dix minutes plus tard,  tous  les  arméniens   sont
sacrifiés ; on n'entend plus que le ronflement d'ago¬
nie des personnes qui respirent encore dans les cail¬
lots de sang, que le bruit métallique des baïonnettes,
des yatagans qui frappent affreusement comme dans
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