Brézol, Georges. Les Turcs ont passé là

(Paris :  Brézol,  1911.)

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LES   TURCS   ONT  PASSÉ   LA...                   313

une boucherie ou à l'abattoir, que les plaintes étouf¬
fées qui vous arrachent le cœur, que le cri de rage de
ces forcenés sauvages. — Les maisons, les marchés,
les chambres, les jardins, sont explorés dans tous les
coins ; les fermes et vignobles où il peut se trouver
un arménien sont visités un à un et ces canailles mas¬
sacrent hideusement les pauvres hommes innocents.
Le tour est aux femmes et aux enfants de 2 à 10 ans
qui attendent déjà à demi-morts et qui tremblent de
tout leur corps. — Oh ! ce spectacle est affreusement
terrifiant, ils attrapent tout ce qu'ils trouvent sous
leur main. De pauvres mères serrant leurs petits en¬
fants contre leur poitrine, pleurent, crient, supplient,
se plaignent amèrement; mais c'est en vain, rien n'y
fait, le sauvage est inexorable, la populace sangui¬
naire est sans cœur. Les misérables attrapent les
pauvres créatures, ils leur mettent par force entre les
mains des baïonnettes et des couteaux et les obligent
à tuer elles-mêmes, leurs enfants chéris; le glaive est
suspendu sur leur tête, il faut qu'elles passent par les
fourches caudines. Enfin, ils font tuer un à un tous ces
petits innocents ; oh ! ces atrocités n'ont pas de précé¬
dents. Comment pourrons-nous oublier cela? Cepen¬
dant ces bêtes féroces ne sont pas encore rassasiées.
Ils prennent ces enfants tout fraîchement tués et avant
qu'ils soient tout à fait inanimés, ils arrachent sans
pitié, des morceaux de leur chair frêle, la font rôtir
sur le feu ; et les mères tremblantes doivent manger
un morceau de leurs enfants. Mais ce n'est pas fini ;
les femmes et les vierges sont souillées horriblement ;
comme de vrais chiens, ils y passent là-dessus par 5
et 10, ensuite ils les mettent en morceaux et les jet¬
tent au fleuve. Quant aux enfants de 10 ans qui avaient
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